Interview du Chef de Service sur les nouvelles dispositions de la réforme de l’Enseignement Supérieur

Interview du Chef de Service sur les nouvelles dispositions de la réforme de l’Enseignement Supérieur

Alhassane Diop chroniqueur Senenews.com en Asie a pu accorder une interview a M. Sarr » un homme de communication et de passion, d’une grande accessibilité, maitrisant son sujet et faisant montre d’aisance dans son argumentaire.»

Pouvez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs?

Je m’appelle Moise Sarr, je suis en charge du Service de Gestion des Etudiants sénégalais à l’Etranger (SGEE). Je suis à votre disposition tout en vous félicitant par avance pour l’excellent  travail que senenews est en train de faire.

Pourriez-vous revenir sur votre parcours?

Je suis diplomé en management des organisations, option resources humaines & Qualité totale. J’ai eu par la suite à travailler au Sénégal comme consultant stagiaire, puis consultant junior dans un cabinet de consulting en management de la qualité dénommé (Institut Africain en management de la Qualité Totale (IAQT). Nommé jeune conseiller tectnique à la Primature par l’ancien Premier Ministre Macky SALL, je l’ai également accompagné à l’Assemblée nationale où j’ai occupé le poste de Chef de Division de la formation. Parallèlement, je me suis inscrit à l’antenne de Dakar du Centre d’Enseignement Diplomatique et Stratégique de Paris (CEDS) avant d’être accepté pour un autre master 2 à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) de Paris, et enfin, j’ai fais un troisième cycle à l’Université d’Angers en intelligence économique et stratégies compétitives. Après cette reprise  d’études en France, j’ai été recruté au Conseil Général de l’Essone, et mis à la disposition de  la Direction du Développement Economique et de la Recherche (DDER)  comme Chargé de mission recherche, innovation et éco-activités. Depuis deux ans, je suis à la tête du Service de Gestion des Etudiants sénégalais à l’Etranger basé à Paris.

Quel est l’objet de votre visite en Chine?

Il s’agit d’une visite de terrain. A partir de Paris, nous gèrons l’ensemble des étudiants sénégalais à l’étranger. Et la chine, comme vous pouvez le constater   détient un bataillon assez important de ces étudiants. J’ai été invité doublement et par l’Ambassade du Sénégal en Chine en la personne de Son Excellence, le Général FALL, et également par l’Association des Etudiants Sénégalais de Chine. J’ai saisi l’occasion de ces belles et riches journées culturelles de nos étudiants pour concrétiser ce projet de voyage que je nourrissais depuis un certain temps. Cela m’a permis d’ailleurs de faire une communication sur la nouvelle politique nationale d’attribution et de renouvellement des allocations à l’étranger (Nouveaux critères, augmentation des taux du complément des bourses de coopération après celles des bourses d’excellence, filières d’intérêt national…) et les dispositifs que nous avons mis en place au niveau du SGEE afin d’accompagner nos étudiants. Il fallait également les rencontrer, les écouter pour mieux comprendre leurs attentes, leurs doléances et voir avec eux, ce qu’il est possible de faire pour améliorer la gestion quotidienne de leurs allocations, leur expliquer aussi ce que nous faisons et ce que nous attendons d’eux, les encourager dans les études, les sensibliser sur leur rôle d’ambassadeur du Sénégal en terre chinoise mais aussi et surtout les conscientiser sur la problématique du retour au pays une fois diplomés.

S’agissant des réformes de l’enseignement supérieur que vous avez évoquées durant votre conférence, n’est-ce pas le choix d’une personne n’ayant pas fait ses études à l’UCAD, en l’occurrence le Pr Souleymane Bachir Diagne, comme Président de la Concertation Nationale sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur, qui est la raison d’un échec certain de ces réformes, quel que soit par ailleurs la valeur planétaire de l’homme?

(Il coupe!) Je tiens juste à relever qu’il n’y a ni d’échec certain, ni de problèmes majeurs mais plutôt des solutions.  Souleymane Bachir Diagne est une chance pour le Sénégal. Il est vrai que notre pays regorge de grands intellectuels et heureusement  on ne saurait les compter des doigts de la main, mais il fait partie des plus illutres. Je tiens à rappeler également qu’il a été Professeur à l’UCAD, au départment de philosophie pendant plusieurs années. C’est donc dire que c’est un homme du sérail et en sénégalais bon teint, il connait parfaitement les réalités sénégalaises. Aujourd’hui, il enseigne dans l’une des plus prestigieuses universités au monde et est considèré comme un éminent et brillant intellectuel. C’est tout à l’honneur du Sénégal. Je dois préciser également qu’il n’a pas eu à mener seul les travaux de cette commission. Il était, entouré par toutes les composantes de l’université sénégalaise que sont les étudiants, des professeurs émérites, des parents d’élèves et d’étudiants, des chefs d’entreprises, des présidents d’universités privées sénégalaises et même des responsables de la société civile sans oublier le personnel administratif, technique et de service. Il était donc un animateur, le chef d’une équipe regroupant l’ensemble des parties prenantes de l’enseignement supérieur au Sénégal c’est-à-dire des sénégalais authentiques ayant étudié, grandi, travaillé et résidant soit au Sénégal soit à l’étranger mais ayant en commun l’amour de la patrie et de réelles et grandes ambitions pour le Sénégal. A ce niveau donc, je le répète avec force, il n’y a pas eu d’échec. Au contraire, il s’agissait d’une réforme salutaire qui était devenue un impératif et qui est en train de produire des effets positifs. L’université sénégalaise, comme je l’ai dit hier, était malade, moribonde à la limite, et c’est tout naturellement que cette réforme s’imposait. On ne pouvait pas encore la diffèrer. Il fallait attraper le taureau par les cornes et faire comprendre à tout un chacun que la situation d’avant réforme menait tout droit à la perte de l’école sénégalaise. Vous savez mieux que moi que la richesse principale du Sénégal n’est ni le pétrole encore moins le diamant mais un capital humain de qualité. Si  l’école qui assurait cette formation va à sa perte, il fallait du courage à nos gouvernants pour dire halte,  poser le débat, engager les réflexions nécessaires qui ont débouchées  sur  ces réformes qui, certes peuvent être douloureuses pendant un certain temps mais  salutaires pour le pays et pour sa jeunesse, pour la postérité en un mot.

Toutefois, beaucoup de conclusions du rapport de la commission sont impopulaires; à titre d’exemple, l’augmentation de dix fois plus des frais d’inscription. Est-ce censé de prendre une telle mesure dans un pays aussi pauvre que le nôtre avec des étudiants sans sources de revenus ou s’agit-il plutôt d’un choix dicté par votre doctrine libérale qui signifierait qu’in fine, on ne puisse plus bénéficier d’un enseignement de qualité sans argent?

Tout au contraire! Une réforme sans résistance n’en est pas une. Elle n’est même pas une réformette. Ce n’est pas moi qui vais vous apprendre la résistance au changement. Toute bonne réforme engendre naturellement des changements qui peuvent être   radicaux car c’est une ambition qui est portée et cela va à l’encontre de certains droits acquis. Cela nécessite un changement de comportements et d’attitudes, lesquels phénomènes engendrent des résistances de parts et d’autres. Cependant, je dois dire que dans ce cas précis, il y a quand même eu de la pédagogie. La démarche était inclusive et la méthodologie adaptée. En effet, la vision et les nobles objectifs poursuivis ont été expliqués à l’ensemble des acteurs. S’agissant de l’augmentation des frais d’inscription, elle est non seulement justifiée au regard de ce qui se fait dans le monde et même en Afrique, si nous voulons un enseignement de qualité avec la promotion du label “étudier au Sénégal”. Mieux, elle est orientée vers les étudiants avec une implication de ces derniers dans la gestion des fonds générés. Tout leur revient in fine à travers l’achat d’équipements par exemple pour les bibliothèques, la construction d’infrastructures… Humblement, je pense que vous qui êtes à l’étranger, êtes les mieux placés pour savoir qu’on ne peut plus s’inscrire à 4800 francs cfa si on veut un enseignement de qualité avec des infrastructures adaptées. Même l’inscription à la maternelle se fait avec plus 5000 francs. Vouloir disposer d’un enseignement de qualité avec 4800 francs, c’est vraiment chimérique, ou pour reprendre l’autre, ça serait “une illusion fugitive poursuivie mais jamais atteinte. A mon avis, ce débat ne devait même pas se poser car il est un peu puéril. Les étudiants eux-même devaient en être conscients dès le départ et je crois savoir d’ailleurs que certains d’entre eux l’ont reconnu. J’ai personnellement assisté à des réunions où des étudiants ont dit qu’ils n’étaient pas contre mais qu’ils voulaient savoir comment l’argent allait être utilisé. Ce qui est d’ailleurs compréhensible, légitime et audible. Heureusement, cette question est dépassée aujourd’hui, ou ne se pose plus en termes de possibilités de versement de ces frais car la Direction des bourses a été mise à contribution. Tout étudiant qui le désire peut autoriser la Direction des bourses à faire le prélèvement de ses droits d’inscription sur sa bourse. En définitive, on peut regretter que certains esprits réfractaires aient voulu réduire la réforme à ce point en communiquant à outrance là-dessus pour tenter de gagner la bataille de l’information. Ils avaient soit tort ou mal compris les textes car l’objectif à terme n’est ni de créer des disparités encore moins de privatiser l’université. Pour revenir à votre question, je dois juste rappeler, que le Président de la République accorde une importance toute particulière au social comme en attestent les actions entreprises ou réalisées en ce sens. Tenez-vous bien, on parle aujour’hui au Sénégal de couverture maladie universelle, de bourses familiales, d’augmentation des allocations d’études à l’étranger, des bourses d’excellence, de gratuité de certains soins, la liste est longue…  Il lui est souvent reproché d’être plus socialiste que les socialistes et non pas plus libéral que les libéraux.

Pour mieux réussir ces réformes, ne faudrait-il pas simplement dépolitiser l’espace universitaire?

(Affirmatif!) Entièrement d’accord! L’université doit effectivement être dépolitisée. Elle doit surtout être à l’abri des manipulations, des financements d’étudiants pour porter des combats politiques qui ne sont pas les leurs. Lorsqu’on voit l’opposition, parce q’elle est en manque de projets et à court d’idées aller à l’université recruter des jeunes, leur donner de l’argent et même les recevoir pour faire passer des mots d’odre politiques, je me demande dans quel pays sommes-nous? J’ai coutume de dire que la carte d’étudiant doit toujours être au-dessus de la carte de militant dans l’espace universitaire. L’université doit rester ce temple du savoir, où on acquiert des connaissances, un espace d’échanges, de réflexion et de débats qui met en avant la densité des synapses des différents interlocutueurs et non la force des biceps. Malheureusement, on constate de nos jours que cette vocation de l’université se vide de sa substance et cela me fait peur, cela me fait mal.

Tout cela pour réaffirmer que cette réforme est venue à son heure car elle nous mène vers l’acquisition du savoir et de la connaissance, vers une meilleure formation de nos élites de demain, vers la construction et le développement de notre pays. Si on veut faire de la politique, on n’ a qu’à descendre dans l’arène politique, en allant militer dans un parti au lieu d’utiliser les étudiants pour défendre les mots d’ordre d’un parti fussent-ils du pouvoir ou de l’opposition. Malheureusement l’opposition a essayé d’instrumentaliser des jeunes mais son échec a été cinglant car la grande majorité des étudiants a compris son jeu et décidé de regagner les amphithéâtres.

Pour revenir au SGEE, bien que les déclarations de principe relatives aux promesses d’augmentation de compléments de bourses soient claires, quelles assurances pouvez-vous donner quant à la concrétisation de ces promesses?

(Il coupe) Mais il n’y a aucune promesse, c’est une belle surprise offerte aux boursiers de la coopération par le Président de la République Macky SALL! Le décret est déjà adopté de même que les arrêtés. Les augmentations des bourses d’excellence des bacheliers 2014 sont effectives depuis le 01 avril et celles des bourses de coopération vont suivre dans une à deux semaines, juste le temps de mettre à jour notre base de données.  Mieux, il y aura un rappel du différentiel entre les anciens taux et les nouveaux sur toute l’année 2014-2015.

Il ne s’agit donc pas d’une promesse mais plutôt d’une application immédiate de la nouvelle politique des bourses portée par le Ministre Mary Teuw Niane et qui d’ailleurs a surpris les étudiants. Ayant pris l’option d’orienter nos meilleurs étudiants dans les filières d’intérêt national et dans les grandes écoles et universités bien cotées, il nous fallait donc relever certains taux afin de leur permettre de pouvoir se concentrer sur leurs études et ne plus être obligés de faire de petits boulots ça et là. Je répète, il n’y a aucune promesse, mais plutôt la matérialisation d’une orientation stratégique. Nous avons travaillé en silence, sans faire de bruit et cette mesure sera appliquée, inchallah, avant le 15 avril 2015.

Toutefois, ces mesures ne concernent que les bourses de coopération alors qu’il existe d’autres types de bourses telles que la bourse Confucius. Aujourd’hui, la chine dispose d’un Institut Confucius installé au Coeur de l’Université de Dakar avec un directeur sénégalais, Malick Ndoye. Pourquoi ne pas intégrer une telle bourse dans ces nouvelles mesures?

Vous savez, lorque l’on parle de bourses de coopération dans notre jargon, on fait référence à celles offertes par des pays amis.  Elles dépassent largement la Chine.  Nous avons des bourses de coopération en Russie, au Maroc, en Tunisie, en Egypte, en Algérie, au Soudan et dans beaucoup d’autres pays. Cette précision faite, rien ne s’oppose à ce que les étudiants concernés par les bourses Confucius déposent des demandes de bourses pédagogiques, sociales ou aides d’Etat au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Pour votre information, l’année dernière, en marge de la visite en Chine du Président de la République et du Ministre de l’Enseignement Supérieur, quatorze étudiants qui étaient à la Zheijang Ocean University ont eu à bénéficier d’une allocation du gouvernement du Sénégal. Retenez qu’aujourd’hui tout étudiant sénégalais à l’étranger peut demander une bourse ou déposer une aide et l’obtenir en fonction de ses résultats et de sa filière dans les délais prévus à cet effet. A ce niveau donc, il n’y a pas de débat. Sachant par ailleurs que ceux qui ne sont pas encore boursiers de coopération peuvent l’être demain ou après-demain.

La plainte de beaucoup d’étudiants contre le SGEE est l’absence d’interlocuteurs à temps plein. Ces revendications vont de la lenteur des procédures à l’absence de répondeurs aux appels téléphoniques sans oublier l’absence d’accusés de réception des dossiers. Êtes-vous conscient de ces récriminations et avez-vous d’ores et déjà pris des mesures idoines pour y remédier?

Vous me faites là un rappel des anciennes récriminations qui d’ailleurs ont été satisfaites depuis fort longtemps. Vous savez, j’ai été étudiant à l’étranger comme vous et j’ai eu effectivement à constater ces dysfonctionnements. Dès ma prise de fonction, j’ai mis en place un plan d’actions axé sur l’accessibilité, la joignabilité, l’inovation et l’amélioration continue de la qualité du service offert aux étudiants. A titre d’exemple, nous avons mis en place un serveur vocal interactif disponible 24h/24 et 7 j/7 avec un tarif non surtaxé. Ce service permet à nos allocataires  d’accéder à temps réel à  toutes les informations relatives à la gestion de leur  cursus, au paiement de leur  allocation, au montant versé, au traitement des demandes de billets de retour,  au renouvellement de leur allocation de bourse ou aide, aux pièces manquantes pour le paiement de l’allocation entre autres. Il suffit juste d’appeler au 0033171250061.

Par ailleurs nous avons un site internet où chaque étudiant allocataire dispose d’un espace sécurisé accessible par un login (code étudiant) et un mot de passe qui lui sont fournis par notre Service. Ainsi, il pourra accèder à toutes les informations relatives à la gestion de son cursus et au paiement de son allocation. Il n’y a plus vraiment besoin d’appeler au standard sinon pour quelques détails près et vous avez toujours un interlocuteur. Même les demandes d’attestations de bourses ou d’aides formulées par les étudiants pour les besoins du renouvellement des cartes de séjour sont envoyées gratuitement aux demandeurs par courrier postal.  Franchement, je dois dire que beaucoup de progrès ont été réalisés. Toutes ces revendications sont derrière nous et, ce sont des messages de satisfaction, d’encouragement, de félicitation qui nous sont actuellement adressés. Cependant, nous gardons la tête froide, restons concentrés sur nos missions et refusons de tomber dans l’autosatisfaction. Nous nous inscrivons dans une dynamique d’innovation et de pro-activité avec comme ambition la satisfaction des étudiants par une amélioration continue du service offert. Et, si j’ai tenu à faire le déplacement jusqu’en Chine, après être passé par Moscou et sur le point de rejoindre l’Egypte puis l’Algérie, sans oublier mes déplacements à l’intérieur de la France, c’est parce que je tiens à aller à la rencontre des étudiants, les écouter, communiquer et partager avec eux les réformes décidées au sommet de l’Etat et que nous sommes en train d’appliquer, ainsi que les dispositifs d’accompagnement existants au SGEE. Pour votre information, j’ai institué au SGEE une période (qui va du 01 septembre au 15 novembre) dite contentieuse pendant laquelle tout étudiant dont l’allocation a été annulée, peut nous écrire et demander les raisons et au besoin déposer un recours qui sera étudié et une réponse donnée. S’il se trouve que nous avons commis une erreur dans le traitement du dossier, nous faisons notre méa-culpa et le rétablissons, sans délai dans ses droits. Un autre aspect qui n’existait pas jusque-là et qui est devenu une réalité, c’est la possibilité de dérogation. Lorsqu’on a un projet clair et ambitieux avec d’excellents résultats (cursus sans faute) tout au long de son cursus par exemple, on peut déposer une demande de prolongation d’une année supplémentaire de bourse qui pourra être étudiée et accordée au cas par cas en fonction de la pertinence du dossier. Une fois de plus monsieur Diop, des pas de géant ont été franchis en peu de temps même s’il reste encore des choses à faire. Notre Service couvre une quarantaine de pays avec des cursus différents les uns des autres et malgré tout nous arrivons à les payer tous les premiers du mois quelque soit le jour. C’est à la fois un engagement pour la jeunesse de notre pays et un défi passionnant. C’est le lieu de remercier tous mes collaborateurs et particulièrement mon Régisseur M. SOW avec qui j’ai effectué le déplacement. Nos paiements sont maitrisés et réguliers et après chaque virement, un e-mail est envoyé concomitamment pour informer l’étudiant du paiement de son allocation. Je peux vous assurer que c’est le fruit d’une bonne organisation interne, du soutien et de la confiance de nos autorités supérieures. Pour avoir été étudiant, je sais ce qu’on ressent quand on tarde à recevoir son allocation à la fin du mois. Je connais également les difficultés lorsqu’il est question de renouveller sa bourse tardivement à cause de lenteurs administratives. C’est tout à fait normal et naturel que je sois conscientisé pour travailler à un règlement définitif de ces questions. Et je dois à la vérité de dire très franchement qu’à l’heure où je vous parle, vous pouvez disposer du montant de votre dernier paiement à travers un simple et petit coup de fil passé au Serveur vocal interactif. Ces questions ne sont plus à l’ordre du jour et c’est vraiment remonter aux calendes grecques que de les poser.

S’agissant de la question du retour, un problème qui se pose aux thésards est l’équivalence des diplômes. Cette question est-elle prise en considération dans le volet éducation du partenariat sino-sénégalais?

Je dois reconnaître que je ne suis pas la personne la mieux habilitée pour répondre à une pareille question. Je transmettrai la requête si c’est le cas à qui de droit. En revanche, si mes souvenirs sont bons, le Ministre de l’Enseignement Supérieur a dit récemment dans la presse qu’il n’y aurait plus de poste d’assistant au niveau de l’université. Par conséquent je crois savoir que cette question d’équivalence sera résolue si elle ne l’est déjà avec la loi sur les universités. A mon avis, si le débat est posé, il y aura forcément une solution car le Ministre Mary Teuw Niane, de par ses ambitions pour l’Université sénégalaise et de par sa trajectoire, professeur des Universités, Recteur puis Ministre ne peut rester insensible à cet état de fait.

La fuite des cerveaux constitue par ailleurs un fléau pour notre pays. Des milliards sont dépensés pour former des esprits mais il n’y a pas de structures d’accompagnement pour faciliter leur retour au bercail ainsi que leur insertion. Qu’en pensez-vous?

Vous avez totalement raison. J’avoue que cette question se pose avec acuité et dois être gérée à tous les échelons. A notre niveau, quelques dispositfs de lutte sont prévus.  Chaque étudiant boursier, à la fin de son cursus, dispose d’un billet d’avion qu’on appelle communément le billet de retour ainsi que de frais de bagages MCO. Avec la réforme actuelle, nous avons également mis en place un dispositif de bourses de mobilité de 4, 6 ou 10 mois et destinées aux étudiants en Master 2 ou Doctorat qui peuvent faire une mobilité vers le Sénégal par exemple pour des stages ou des activités de recherche. Leurs billets d’avion aller et retour sont pris en charge par le gouvernement et une allocation mensuelle de 60000 fcfa leur est versée pendant la durée du séjour indépendamment de l’indemnité de stage qui peut être versée par l’entreprise. L’objectif est de préparer ces futurs diplomés au retour au pays en les aidant à vaincre cette peur bleue qui les habite souvent, à la fin des études. Faire son stage de fin d’études au pays prépare déjà au retour définitif car s’il est concluant, on ne se fait pas prier pour rester. L’autre dispositif concerne nos doctorants. Nous avons dans le cadre du Plan Sénégal Emergent un projet de construction de nouvelles universités et d’ailleurs il n’y a pas longtemps, on a assité à la pause de la première pierre de la deuxième université de Dakar et le 13 avril prochain, il y aura celle de l’université du Sine-Saloum sans compter les projets d’ISEP dans beaucoup de départements. Il nous faut dès lors des cerveaux c’est-à-dire des jeunes docteurs qui pourront assurer la relève en occupant des postes de professeur dans ces universités. De ce fait, on a mis en place un dispositif de bourses de doctorat en alternance. Cela permet à nos jeunes bénéficiant de ce type de bourses de pouvoir faire 6 mois au Sénégal et 6 mois à l’étranger et travailler sur des thématiques qui intéressent directement le Sénégal mais aussi de pouvoir citer enfin nos écoles doctorales dans leurs publications scientifiques. Ce qui fait que le jeune qui soutient sa thèse est plus enclin à rester pour servir son pays qu’à partir. Ces deux nouveaux dispositifs peuvent se révèler très efficaces, je l’espère contre la fuite des cerveaux.  Nous sommes conscients des effets néfastes de ce fléau pour nos jeunes pays et faisons tout pour prendre en charge cette problématique du retour. Toutes les initiatives sont les bienvenues pour endiguer cette fuite de nos jeunes talents. Il y a bientôt huit mois, je suis entrain de mettre en place avec des jeunes diplômés à l’étranger et qui sont actuellement au Sénégal un Réseau dénommé Sénégal Network B2G (Back to GalSen).  Ce réseau se veut un cadre d’accueil, d’échanges et de partages d’expériences et d’opportunités à tous les diplômés qui sont revenus au bercail.  D’ailleurs, ils vont créer un G.I.E. dans les semaines à venir pour mieux aider à la sensibilisation sur cette problématique et accompagner les pouvoirs publics dans ce combat. Pour terminer sur ce point, je tiens juste à dire qu’au niveau du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, une réflexion  est en cours  pour mettre en place un Bureau d’accueil et de suivi de nos jeunes diplômés à l’étranger, sans oublier la promotion du label “étudier au Sénégal”.  Hier, j’annonçais (ndlr: le 04 avril) également la création prochaine par le SGEE d’une base de données profil pour nos étudiants en fin de formation et nos jeunes diplômés. Elle sera mise à la disposition des pouvoirs publics, et des acteurs économiques à la recherche de compétences fines et autres jeunes talents diplômés des meilleurs Universités du monde. Voilà autant de projets et de dispositifs qui sont en train d’être mis en place pour encourager intelligemment le retour de nos jeunes diplômés.

Un constat d’ordre général que tous les étudiants boursiers de chine ont fait est que la bourse ne comporte qu’une année de langue qui est d’ailleurs insuffisante pour commencer la spécialisation. Ne serait-il pas pertinent de renégocier cette bourse de coopération afin que les étudiants qui le désirent puissent avoir deux années de langue et une mise à niveau sur le lexique utilisé dans leur spécialisation?

Pour tout ce qui peut être amélioré en terme de coopération, aucun effort ne sera ménagé. D’ailleurs une rencontre est prévue le vendredi 10 avril à 14h 30 avec la China Scolarship Council (CSC). Toutes les questions et thématiques qui concourrent à l’amélioration des conditions de vie et d’études de nos étudiants en chine seront posées. Notre objectif est de mettre nos étudiants en sécurité et dans d’excellentes conditions de vie et d’études et pour cela il n’y a pas de questions tabous. Par conséquent; tout ce qui pourrait constituer un handicap à la réalisation d’un tel objectif ou entraver le plein épanouissement de nos étudiants sera écarté et des solutions trouvées ou envisagées.

Sachez que le SGEE est là pour accompagner les étudiants et les assister. Et pour cela, dans nos coopérations avec les autres pays, nous exprimerons nos besoins, les difficultés que rencontrent nos étudiants et de concert avec les autorités locales, envisager des solutions.

Nous fêtons cette année le 55ième anniversaire de notre accession à la souveraineté Internationale. Qu’est-ce qu’un tel évènement revête pour vous?

Un évènement exceptionnel! C’est toujours avec plaisir qu’on constate que notre pays prend de l’âge. En effet, 55 ans à considèrer dans la vie d’un homme, c’est déjà quelque chose. Je dirais même que c’est un seuil de maturité. On se rend compte  que le chemin parcouru jusqu’ici est long.  Il y a eu pas mal d’acquis, il y a également des défis. Nous devons avancer, nous battre, gagner davantage en autonomie, en indépendance économique… C’est à mon avis le seul combat qui vaille aujourd’hui.   Comment faire pour développer ce pays, comment faire accèder les sénégalais aux hautes technologies, au bien-être? C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis heureux de voir le pouvoir actuel mettre en place le PSE sur un horizon de 20 ans. Il est important d’avoir un cap pour inscrire l’action gouvernementale dans la durée et permettre aux équipes successives de travailler dans la même direction, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Il faut que les différentes composantes de la nation puissent transcender leurs divergences pour se regrouper autour de l’essentiel c’est-à-dire la construction du pays en mettant de côté les querelles puériles. Le Sénégal est un don de Dieu. J’en profite pour souhaiter une bonne fête d’indépendance à tous nos compatriotes et aux étudiants particulièrement où qu’ils se trouvent. Je profite également de la coincidence avec les fêtes pascales pour souhaiter joyeuses pâques à tous les catholiques de par le monde et une fois de plus marquer ma fierté de voir que nous avons 55 ans et que nous l’avons fêté dans la sobriété, la paix et la joie.

Faisons maintenant une petite digression avant la chute de notre entretien. Il est connu que vous êtes de Fatick et il se dit que vous êtes un proche parmi les proches du Président de la République. Vous le confirmez ou l’infirmez?

Ce que je peux confirmer, c’est que je suis de Bicole (ndlr: département de Fatick, commune de Diarère).  S’agissant maintenant de ma proximité avec le Président, tout dépend de ce que vous entendez par <<proche parmi les proches>>. Dites vous seulement que le Président Macky SALL est très très proche de tous les sénégalais.

Il se dit en effet que vous êtes un de ses protègés et que c’est lui d’ailleurs qui vous a envoyé à l’étranger pour faire votre troisième cycle et que vous êtes un des militants de première heure de l’Alliance pour la République.

(Affirmatif) Oui je suis militant de première heure du parti. Ce n’est un secret pour personne et que j’assume pleinement comme du reste mon engagement politique aux côtés de son excellence le Président Macky SALL depuis belle lurette. Par contre, je tiens à préciser qu’il m’a plutôt soutenu et encouragé à aller poursuivre mes études en France. Le Président et moi, nous sommes de la même région et nous nous connaissons depuis très longtemps. Je peux même dire qu’il m’a vu grandir et moi appris énormément à ses côtés. Je n’ai pas attendu qu’il soit élu pour le fréquenter.  J’ai été pendant deux années successives le Président de l’Association des Stagiaires et Etudiants de Fatick à l’UCAD et j’avoue le jour de mon élection, il était notre invité d’honneur au restaurant Argentin du Campus. C’est un grand frère, et mon leader. Je lui dois une fière chandelle et ne ménagerai aucun effort pour l’accompagner dans l’oeuvre gigantesque de redressement du pays qu’il a engagé à travers le PSE. C’est également une haute responsabilité qu’il m’a confiée et je n’ai pas le droit de le décevoir. Je le remercie pour la confiance et lui exprime toute ma profonde gratitude.  A deux reprises, il a eu à me confier des missions importantes et celle-ci est la troisième malgré mon jeune âge.  Cela montre également qu’au-delà de ma modeste personne, il a confiance en la jeunesse sénégalaise. Une jeunesse consciente, responsable, compétente, ambitieuse et qui ne demande qu’à servir avec loyauté et efficacité. Beaucoup de jeunes sénégalais se reconnaitront dans ce témoignage car il croit à la jeunesse quelle que soit l’origine ou les convictions, comme du reste le confirme son slogan: la patrie avant le parti. C’est un homme pétri de valeurs et qui a le sens des responsabilités. Ce n’est pas pour rien qu’il a opté pour une gouvernance sobre et vertueuse.

Votre mot de la fin?

Je saisis cette tribune pour rermercier vivement encore une fois le Général FALL, Ambassadeur du Sénégal en Chine et tout le personnel de l’Ambassade pour leur dilligence, leur générosité et leur disponilibilité. Qu’Allah les accorde longue vie et un plein succès dans leur mission pour le Sénégal.

Mes remerciements vont tout aussi naturellement à tous les membres et sympathisants l’Association des Etudiants Sénégalais en Chine pour ces riches et pédagogiques journées culturelles. A la Présidente Mme Awa LY FALL SALL, et à son équipe, toutes mes félicitations pour la réussite de l’événement et mes encouragements à finir en beauté leurs études pour mieux servir.

Quant à vous, M. DIOP, soyez remercié et à travers vous toute l’équipe de senenews.com pour le professionnalisme, la créativité, le sérieux et la rigueur qui entourent votre travail. Votre portail se distingue qualitativement chaque jour un peu plus et c’est à votre honneur. Bon vent et à bientot!

Entretien réalisé par Alhassane DIOP